Les maladies auto-immunes chez les chiens
Rédigé et vérifié par la biochimiste Luz Eduviges Thomas-Romero
Les maladies auto-immunes affectent les personnes et les animaux domestiques. Bien que nous ayons tous une vague idée du système immunitaire, il est courant de ne pas comprendre pleinement son fonctionnement. Il se peut donc que nous ne soyons pas en mesure de décrire l’emplacement de ses organes ou d’expliquer leur fonction.
Les cellules du système immunitaire sont en effet dispersées dans les ganglions lymphatiques de l’ensemble du corps. Elles se trouvent également dans la rate, le thymus, les poumons, les intestins et tous les organes du corps. Ces cellules patrouillent dans l’organisme, se déplaçant à travers la circulation sanguine.
Les échecs immunitaires
Dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire attaque par erreur les propres tissus du corps. Les cellules immunitaires sont incapables de distinguer les cellules saines normales du corps des cellules étrangères. Elles sont censées détruire ces dernières.
Nous ne comprenons pas bien la cause de cette “erreur”. La maladie peut en effet affecter un seul système ou plusieurs systèmes corporels. De sorte que la peau, les tissus conjonctifs, les nerfs et les muscles peuvent être affectés.
Il en va de même pour le système endocrinien (système qui contrôle les hormones et autres substances chimiques), les articulations, les globules rouges et le système digestif. Quels sont donc les facteurs associés ?
Quels sont les facteurs associés aux maladies auto-immunes chez les chiens ?
La science est aujourd’hui incapable d’expliquer pleinement les causes de ces maladies. La génétique est le principal suspect.
Il existe en effet une incidence plus élevée de ce type de maladies chez certaines races de chiens. Par exemple, la thyroïdite lymphocytaire affecte le plus souvent le grand danois, le golden retriever, le cocker spaniel, le bobtail et le beagle (pour n’en nommer que quelques-uns).
Certaines de ces races sont par ailleurs sensibles à plus d’un trouble immunitaire. C’est le cas du bobtail qui est également sujet à l’anémie hémolytique auto-immune.
Il existe également d’autres déclencheurs, tels que l’exposition à certains médicaments (antibiotiques), les infections chroniques ou transmises par les tiques ou encore un cancer. D’autres infections chroniques telles que les infections des valves cardiaques et les infections vertébrales (moelle épinière) peuvent aussi les provoquer.
Compte tenu de l’association entre les antibiotiques et ces maladies, de nombreuses études considèrent le déséquilibre du microbiome intestinal comme une cause probable. Même si les scientifiques n’ont pas pu établir un lien définitif, les vaccins semblent également avoir une influence.
Les types de maladies auto-immunes chez les chiens
Il existe actuellement un large spectre de troubles du système immunitaire chez les chiens. Il résulte toutefois de la pratique vétérinaire que les plus fréquents sont les suivants :
- Arthrite : elle affecte les articulations par des douleurs et une réduction de la mobilité.
- Thrombopénie à médiation immunitaire : elle résulte de la destruction des plaquettes.
- Kératoconjonctivite sèche : il s’agit de l’affection de « l’œil sec ».
- Maladie inflammatoire du cerveau : elle affecte particulièrement les chiens de race toy.
- Pemphigus foliacé : c’est la plus courante des maladies associées à des troubles immunitaires de la peau.
- Maladie inflammatoire de l’intestin : elle produit une inflammation chronique de la muqueuse intestinale.
La détection précoce est toujours extrêmement importante. Les complications des maladies auto-immunes sont en effet graves et impliquent souvent plusieurs systèmes. Plus nous tardons à traiter les maladies auto-immunes, plus le diagnostic et le traitement deviennent difficiles et compliqués.
Quels symptômes peuvent nous alerter d’un trouble du système immunitaire ?
Il est important de garder à l’esprit que nous devons régulièrement contrôler l’état de santé de notre chien. Nous devons donc rechercher des saignements sur la peau et les gencives, appelés des pétéchies.
Il est également nécessaire de détecter les ulcérations sur les jambes, la peau, les yeux et la bouche. Nous devons détecter l’apparition de zones d’alopécie et de croûtes dans n’importe quelle zone du corps.
Les toiletteurs pour chiens sont de grands alliés dans la détection précoce des blessures. Ce sont souvent eux qui détectent la peau meurtrie, le saignement des gencives ou la diarrhée sanglante pendant le toilettage. Ces professionnels ont en effet détecté de très nombreux cas.
Il est important d’observer quotidiennement la présence éventuelle de sang dans les urines et les selles, et si le nez saigne. Des yeux rouges, douloureux, ainsi que des écoulements oculaires épais ressemblant à du mucus sont d’autres signes à ne pas ignorer.
Aussi, les changements d’habitudes tels que la perte d’appétit, la léthargie, la fatigue et la fièvre sont d’autres signes à prendre en considération. Des symptômes importants tels que des convulsions, la cécité, la perte d’équilibre ou de coordination et les tremblements peuvent également survenir.
Comment s’établissent le diagnostic des maladies auto-immunes ?
Il est tout d’abord nécessaire de réaliser un historique médical détaillé, d’analyser le sang et l’urine, ainsi que de prélever des échantillons de biopsie tissulaire. Le vétérinaire réalisera également des radiographies, des échographies et des IRM. Tout cela vise à établir un diagnostic préférentiel.
Le vétérinaire prescrira probablement aussi des médicaments pour aider le chien à combattre toute infection, virus ou allergie pouvant causer des symptômes. Les stéroïdes constituent souvent la première ligne de traitement (par exemple, la prednisone).
Le cas de la vaccination
Nous ne pouvons pas perdre de vue la controverse au sujet des injections de rappel de vaccination dans l’apparition de maladies auto-immunes chez le chien. Les vaccins, en stimulant le système immunitaire, peuvent avoir un effet négatif sur un chien atteint de maladies auto-immunes.
Les experts recommandent donc de réduire au minimum les vaccins ou même de les arrêter. Il est courant de réaliser un test de dépistage des anticorps sanguins. Ce test vérifie si les niveaux d’anticorps sont suffisants pour protéger contre les maladies canines, évitant ainsi le rappel.
Les cas de non récidive
Certaines maladies auto-immunes disparaissent sans jamais récidiver. D’autres peuvent devenir chroniques.
Une méthode appelée échange plasmatique thérapeutique (TPE) peut être utilisée pour les maladies graves qui ne répondent pas au traitement. Ce traitement extrait le sang du patient et le filtre pour éliminer les anticorps qui génèrent tant de dommages.
Nous pouvons également, compte tenu du rôle du microbiome intestinal, fournir des bactéries bénéfiques manquant au microbiome du chien. Il s’agit de compléments de restauration intestinale pour chiens.
Ces capsules contiennent des matières fécales soigneusement sélectionnées (oui, des excréments) provenant de chiens donneurs en bonne santé. Nous appelons ce procédé une greffe de microbiote fécal.
Nous devons surveiller les rechutes dès lors qu’un animal a été diagnostiqué avec un trouble immunitaire. Il est important de lui faire régulièrement passer des examens de santé approfondis et de signaler immédiatement tout changement de son niveau d’activité ou de sa condition physique au vétérinaire.
La recommandation la plus importante est de savoir ce qui est normal chez son animal. Prenez donc dix minutes par jour pour l’examiner vraiment, y compris les gencives. Agissez vite si vous observez quelque chose qui ne va pas.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Gershwin, L. J. (2007). Veterinary autoimmunity: autoimmune diseases in domestic animals. Annals of the New York Academy of Sciences, 1109(1), 109-116. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17785296/
- Bennett, D. (1984). Canine Practice Autoimmune disease in the dog. In practice. 6:74-93. doi: 10.1136/inpract.6.3.74 http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.1010.4634&rep=rep1&type=pdf
- Gershwin L. J. (2018). Current and Newly Emerging Autoimmune Diseases. The Veterinary clinics of North America Small animal practice, 48(2), 323–338. https://doi.org/10.1016/j.cvsm.2017.10.010
- Xu, H., Liu, M., Cao, J., Li, X., Fan, D., Xia, Y., … & Zhao, H. (2019). The dynamic interplay between the gut microbiota and autoimmune diseases. Journal of Immunology Research, 2019. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6854958/
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.