L'auroch eurasiatique : un énorme mammifère
Rédigé et vérifié par le biologiste Miguel Mata Gallego
L’auroch eurasiatique (Bos primigenius primigenius) est l’ancêtre des vaches et des taureaux domestiques. Il vivait librement dans les plaines eurasiatiques jusqu’à sa disparition en 1627. Nous allons ici vous parler des impressionnantes caractéristiques de cet énorme mammifère.
Auroch eurasiatique ou bison ? Le débat taxonomique
Jusqu’au XVIIe siècle, la majorité des scientifiques et naturalistes européens considéraient que l’auroch et le bison étaient la même espèce. On pensait qu’il était l’ancêtre commun de notre bétail bovin domestique.
Cependant, au XVIIIe siècle, certains naturalistes ont commencé à clamer qu’il existait deux espèces différenciées : l’auroch (ancêtre sauvage du taureau) et le bison, proche parent encore vivant aujourd’hui.
Il existait donc deux courants de pensée : celui du bovin unique et celui des deux espèces séparées. Tout a commencé à changer après plusieurs découvertes de fossiles au XIXe siècle. À partir de là, on a pu voir que l’auroch eurasiatique et le bison étaient clairement différents et certains naturalistes, comme Bojanus, ont changé d’avis et accepté la théorie des deux espèces.
Caractéristiques de l’auroch eurasiatique
L’auroch eurasiatique ressemblait à une sorte d’énorme taureau, aux caractéristiques très sauvages. Il pouvait facilement peser une tonne et mesurait deux mètres de haut, un peu moins que son parent, l’auroch américain. Par conséquent, même s’ils étaient plutôt similaires, beaucoup de choses le différenciaient des bovins actuels :
- Un crâne considérablement plus grand et lourd qui supportait des cornes pouvant mesurer jusqu’à un mètre
- Des pattes très larges et flexibles, très musclées
- Une musculature très athlétique, surtout au niveau du cou (et plus particulièrement chez les mâles)
Comportement et habitat
On pense que l’auroch eurasiatique vivait en troupeaux, ceux-ci étant dirigés par un ou deux mâles. La suprématie sur ces troupeaux s’établissait à travers des combats où l’on finissait par acquérir un statut social. Ces combats avaient lieu, comme chez la majorité des mammifères, à l’époque du rut.
Quant à son habitat, à part les prairies déjà mentionnées, on croit que les aurochs fréquentaient des clairières de bois et les bords des fleuves. La perte de cet habitat a été le principal facteur de leur extinction, comme nous le verrons un peu plus loin dans cet article.
Histoire naturelle d’une espèce fascinante
Expansion sur le territoire eurasiatique
Au cours du Pliocène, le climat était plus froid qu’aujourd’hui. Il existait donc déjà d’énormes prairies d’herbacés en Eurasie. Cela a donné un grand avantage adaptatif aux animaux comme les bovidés, déjà habitués au climat froid grâce à leur pelage et leur condition d’herbivores. Les aurochs ont ainsi pu se déplacer sur tout le territoire eurasiatique en se diversifiant en plusieurs sous-espèces, dont plusieurs finiront par être domestiquées.
La domestication : l’origine de notre bétail actuel
Selon plusieurs études, au cours de la révolution néolithique, deux domestications se sont produites à différents endroits du monde. Ces domestications ont été les suivantes :
- Sur le sous-continent indien, donnant lieu aux actuels zébus (Bos primigenius indicus)
- En Europe, donnant lieu aux vaches et taureaux domestiques (Bos primigenius taurus)
Extinction de l’auroch eurasiatique
Comme la majorité de la faune du Pléistocène, les aurochs ont vu leur habitat se réduire à cause de l’expansion humaine. En raison de la chasse et de l’expansion des cultures, ces magnifiques animaux ont eu de moins en moins de place pour vivre.
Leur population a été réduite à quelques centaines d’exemplaires au Moyen-Âge. Les derniers ont vécu dans les forêts de Pologne, où ils étaient un trophée de chasse exclusif des rois. Le dernier exemplaire, une femelle, est mort dans la forêt de Jaktorow en 1627.
La “résurrection génétique” de l’auroch
Depuis plusieurs années, divers programmes ont été proposés pour essayer d’obtenir des exemplaires ressemblant le plus possible à l’auroch original.
Ceci peut se faire en croisant des races domestiques avec des caractéristiques ancestrales, certaines connaissant déjà un net recul. Parmi ces races, nous retrouverions les races espagnoles sayagüesa, limia et pajuna, l’italienne maremmana primitiva et la portugaise maronesa.
Le matériel génétique de l’auroch vient de restes fossiles et on espère que, pour 2025, on obtiendra l’exemplaire le plus ressemblant jusqu’à maintenant.
L’une des choses qui sera cependant difficile à récupérer est le caractère et le comportement des aurochs ancestraux, actuellement affectés par des siècles de domestication.
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