Fourmi bouledogue : habitat et caractéristiques
Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez
Habituellement, la première image d’une fourmi qui nous vient à l’esprit est celle d’un petit insecte, rouge ou noir, entourné de plein compagnons. Cependant, cette image ne convient pas très bien à la fourmi bouledogue, car elle est en principe beaucoup plus grosse que les autres espèces et a des mâchoires parfaitement visibles à l’œil nu.
Le terme « fourmi bouledogue » fait référence au genre Myrmecia, un taxon monophylétique au sein de la famille des Formicidae qui regroupe plusieurs espèces. Les représentants de cette famille sont des proches parents des guêpes et autres hyménoptères à dard. Poursuivez donc votre lecture pour en apprendre plus sur ces insectes particuliers.
Habitat et répartition
Ce groupe de formicidés est endémique d’Australie à l’exception d’une espèce qui habite la Nouvelle-Calédonie. Ces fourmis ont une préférence pour les prairies, les forêts et les zones urbaines dans les zones à température chaude et agréable. Cependant, cela ne les empêche pas de vivre dans des endroits légèrement arides, semi-désertiques ou côtiers.
On trouve des nids de ces insectes dans les décombres, sur des arbres, des pierres, du sable et sous les rochers. En effet, au fil du temps, la forme de la fourmilière s’agrandit, se complexifie et les spécimens qui la composent utilisent les diverses ressources de leur environnement pour la décorer.
Les caractéristiques physiques de la fourmi bouledogue
La caractéristique la plus reconnue de ce genre est sa taille énorme, ainsi que la taille de ses mâchoires. Selon les espèces, une fourmi bouledogue peut mesurer entre 1 et 4 centimètres de long, dépassant de loin les tailles de tout autre formicidé.
Ses yeux grands proéminents sont une autre de ses caractéristiques particulières. Malgré ce que l’on peut croire, les fourmis n’ont pas que deux “yeux” : en réalité chaque structure est constituée de plusieurs lentilles plus petites. Grâce à cela, leur vision est l’une des meilleures qui existent chez les insectes, mais elle est moins efficace par rapport à celle d’un mammifère.
Les corps de ces fourmis est le même que celui des autres hyménoptères: elles ont la “taille de guêpe” caractéristique du groupe. Comme eux, elles ont aussi un dard avec lequel elle peuvent injecter du poison à leurs victimes. Quant à leur couleur, elle varie d’une espèce à une autre, mais elle se situe généralement entre les gammes du rouge au jaune.
Les castes
Bien qu’elles fassent partie des formicidés, les fourmis de ce genre ne partagent pas la structure sociale complexe du groupe. Cependant, elles ont elle aussi une division en castes en fonction de la taille et non du rôle prédéfini à partir du stade larvaire :
- Chasseuses : les plus gros spécimens de la fourmilière sont chargés de chercher de la nourriture et de défendre la colonie. Ce sont des femelles qui naissent d’œufs fertiles, et qui maintiennent leur capacité de reproduction.
- Ouvrières : ce sont les mêmes que les chasseuses, mais elles sont plus petites, elles doivent donc creuser des tunnels et prendre soin des larves.
- Reine : la reproductrice principale du nid est chargée de produire tous les spécimens de la colonie. Selon les espèces, elle peut avoir des ailes bien formées, des ailes mal formées, voire pas d’ailes au moment du vol nuptial.
- Reines vierges : ce sont des femelles reproductrices qui présentent les caractéristiques d’une reine mais qui ne se sont pas encore accouplées et qui participent au vol nuptial de l’espèce. Ces reines sont à la base de la fondation d’une nouvelle fourmilière.
- Mâles : ils s’accouplent avec les reines ou avec les ouvrières pour pouvoir les féconder. Ces spécimens éclosent à partir d’œufs non fertiles.
Le comportement de la fourmi bouledogue
Ces insectes conservent un comportement social, mais pas aussi fort que celui de leurs parents. En effet, bien qu’ils soient organisés en groupes dans lesquels diverses tâches sont assignées aux spécimens pour le bien général de la colonie, chaque spécimen agit de manière solitaire. Par exemple, si un spécimen doit chercher de la nourriture, il le fera seul.
La raison derrière cela réside dans leur manque de phéromones, ce qui empêche les fourmis bouledogues de « communiquer » avec leurs pairs pour travailler en équipe. Ce sont aussi des insectes très agressifs qui attaqueront sans hésiter ; leurs mâchoires féroces provoquent des piqûres très douloureuses (sans compter le venin du dard).
Bien qu’ils n’aient pas de phéromones, ces insectes émettent des signaux chimiques qui leur indiquent quels spécimens sont leurs « amis » et ceux qui ne le sont pas. En effet, pour éviter d’attaquer les membres de sa propre colonie, ces fourmis produisent un type d’odeur qui leur permet de se reconnaître entre elles.
En présence de toute autre odeur, les fourmis attaqueront immédiatement.
La fourmi bouledogue est-elle toxique ?
La fourmi bouledogue n’est pas très venimeuse, mais sa piqûre est parfois dangereuse pour l’homme. En effet, les substances qu’elle injecte à ses victimes ne sont pas assez toxiques pour causer la mort, mais elles déclenchent tout de même une réaction allergique pouvant entraîner une issue fatale.
En termes simples, ce n’est pas la piqûre qui est dangereuse, mais la réaction du corps à celle-ci (anaphylaxie). Entre 1980 et 1999, il y a eu 6 décès au total causés par cette fourmi. Mais chaque personne souffrait d’un problème de santé qui le rendait sensible à une réaction allergique. De plus, aucun patient n’a reçu de traitement à l’épinéphrine, le traitement habituel dans ces cas.
Comportement alimentaire
La taille de ces fourmis leur permet d’être l’un des prédateurs les plus importants dans leur habitat. Cela signifie que leur régime alimentaire comprend la capture de divers types d’insectes, tels que les coléoptères, les mouches, les araignées, les vers, les cafards et même d’autres fourmis. Elles se nourrissent parfois aussi de plantes, de graines et de certains excréments.
Ce sont les fourmis ouvrières qui sont chargées de trouver de la nourriture et de nourrir leurs congénères. Elles reviennent généralement avec une proie à partir de laquelle les autres membres se nourrissent directement. Mais dans certains cas, elles ont recours à la trophallaxie.
Les adultes de ce genre ont également tendance à être nectarivores, et collectent donc du nectar et d’autres substances sucrées. Cependant, cela n’est limité qu’à cet âge : les larves et les jeunes sont entièrement carnivores et leur survie dépend de proies vivantes. Les larves ont aussi la possibilité de se nourrir d’œufs trophiques (infertiles).
Comportement reproducteur
Contrairement aux autres fourmis, les ouvrières de ce genre sont capables de se reproduire. Ainsi, si la reine venait à mourir, la colonie pourrait subvenir à ses besoins.
Le processus d’accouplement commence avec les reines vierges, qui, grâce à leurs ailes, effectuent un vol nuptial au cours duquel elles s’accouplent avec les mâles. Les femelles n’ont aucune préférence pour un mâle en particulier, elles s’accouplent donc souvent plus d’une fois. À la fin, les reines fécondées partent à la recherche d’un endroit pour fonder leur nid et commencer une nouvelle vie.
Les reines sont capables de pondre entre 2 et 30 œufs par couvée. Ces œufs ont un processus d’incubation de plus de 100 jours, durant lesquels la reine est capable de survivre seule sans l’aide de son entourage. Même lorsque la fourmilière a déjà été établie et que des aides sont présentes, elle obtient toujours sa nourriture par elle-même.
Tant que la reine est au pouvoir, elle continuera à copuler avec plusieurs mâles pour maintenir le nombre de fourmis ouvrières stable. Bien que ces spécimens aient une spermathèque (réservoir de sperme), la durée de vie sperme n’est pas éternelle. C’est pourquoi les mâles sont nécessaires pour maintenir la structure sociale du nid, et pas seulement pour les vols nuptiaux comme c’est le cas chez les autres fourmis.
Le statut de conservation de la fourmi bouledogue
Malheureusement, ce genre de fourmis est un groupe peu étudié, donc la situation de sa population n’est pas bien connue. De nombreux aspects de sa biologie restent inconnus, ce qui la rend plus difficile à étudier. Pour le moment, l’Union internationale pour la conservation de la nature a classé seulement l’espèce Myrmecia inquilina comme vulnérable.
Cette situation ne signifie pas que ces fourmis ne sont pas en danger, mais plutôt qu’il y a un manque d’informations pour bien comprendre leur situation.
Ces fourmis géantes ne vous intéressent peut-être pas. Cependant, n’oubliez pas que tous les êtres vivants ont un rôle fondamental dans l’écosystème. Ainsi, même si elle n’est pas « jolie » à regarder, sa disparition peut engendrer de graves problèmes pour l’environnement et l’homme.
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