10 curiosités sur les criquets
Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez
Les curiosités sur les criquets sont presque infinies, car ils font partie des rares invertébrés à avoir une capacité migratoire massive. Ils sont même capables de modifier leur cerveau et leur corps en fonction de leur phase vitale.
Ces insectes sont impressionnants physiquement et numériquement, mais ils peuvent malheureusement causer des pertes incalculables de nourriture et de récoltes, en particulier dans les pays à faible revenu. Découvrez sans plus attendre 10 curiosités sur les criquets… Vous verrez qu’ils sont aussi fascinants que socialement problématiques !
1. Les criquets sont des sauterelles
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de les contextualiser d’un point de vue taxonomique. Ces invertébrés sont des insectes orthoptères, mais ils appartiennent également au sous-ordre des Caelifera et à la famille des Acrididae. En termes simples, ils occupent la même position phylogénétique que les sauterelles.
Il existe environ 11 000 espèces de sauterelles, et certaines d’entre elles sont des criquets, mais tous les criquets ne sont pas des sauterelles. Pour être considérés comme des criquets, ces insectes doivent présenter une stratégie vitale qui est inhabituelle au sein du groupe : la migration. Seuls ces spécimens peuvent être considérés comme de « vrais criquets ».
Locusta migratoria, Schistocerca gregaria et Chortoicetes terminifera sont les principales espèces de criquets. Il y en a une trentaine environ.
2. Des insectes de taille considérable
Il n’y a pas de distinction taxonomique entre les criquets et les sauterelles, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne présentent pas certaines différences. Dans leurs phases solitaires, les criquets sont beaucoup plus grands que leurs parents, puisque les femelles mesurent facilement 6 centimètres de long.
Au-delà de cela, les criquets ont des ailes très développées, des membres postérieurs prêts à sauter, un appareil buccal complexe pour couper le matériel végétal et une couleur corporelle qui va du brun verdâtre au jaune. Comme nous le verrons plus loin, ces caractéristiques dépendent de la phase dans laquelle se trouve l’insecte.
3. Les criquets sont des animaux migrateurs
Sans aucun doute, la curiosité la plus notable est leur capacité à former des essaims migrateurs. En situation normale, ces insectes sont solitaires, mais lorsque certaines caractéristiques apparaissent (sécheresse et croissance ultérieure des plantes), le flux de sérotonine dans leur corps varie considérablement.
En période de stimulation, ces insectes commencent à se reproduire, donnant naissance à des noyaux de nymphes qui se développent plus tard en adultes ailés. Ces puissants spécimens voleront entre les terrains, détruisant toutes les cultures qu’ils trouveront sur leur chemin et chevauchant plusieurs générations pour répandre l’espèce autant que possible.
Les criquets passent par une phase solitaire et une phase d’essaim migratoire.
4. Le changement au cours de la migration est cérébral et hormonal
Des études ont montré que, chez l’espèce Locusta migratoria, le passage de la phase solitaire à la période d’essaim est régulé par des ajustements dans le cerveau. Il y a une méthylation de l’ADN présent dans les cellules du cerveau. Actif, le gène Dnmt3 favorise l’accélération du métabolisme de l’animal.
Le contact entre de nombreux spécimens (surpopulation) favorise la libération de sérotonine, ce qui accélère leur cycle.
5. Les criquets changent non seulement leurs habitudes, mais aussi leur apparence
Lorsque leur cerveau et leurs circuits sérotoninergiques s’adaptent, les criquets mangent, se reproduisent et se développent beaucoup plus rapidement. Les changements ne sont pas seulement comportementaux : il y a également des variations très marquantes sur le plan physique.
Dans la phase solitaire, les criquets de l’espèce Locusta migratoria sont grandes et de couleur verdâtre, car elles ont besoin de se fondre dans la végétation environnante. D’autre part, les spécimens d’essaim ont un port réduit et la tonalité de leur corps change beaucoup : il devient presque jaune criard.
Le phénotype du spécimen est réversible selon la phase que requiert sa population.
6. Une mobilité inhabituelle
Le fait que les criquets aient des ailes aussi développées n’est pas un hasard. Les essaims atteignent des vitesses non négligeables lorsqu’ils effectuent leurs mouvements migratoires : ils peuvent atteindre une vitesse de 20 km/h.
L’espèce Schistocerca gregaria vole dans le sens du vent pour économiser de l’énergie. Dans son mouvement migratoire, elle est capable de parcourir 150 kilomètres en une seule journée. De plus, les spécimens de l’essaim peuvent s’envoler au-dessus de 2000 mètres d’altitude.
7. Les nombres d’essaims sont intimidants
Selon les espèces, le nombre de criquets par essaim peut varier. Ce nombre oscille entre 20 et 150 millions par kilomètre carré. Ces insectes forment littéralement un nuage dans le ciel et, avec leurs ailes, émettent un fort rugissement. Sans aucun doute, cette vision apocalyptique est intimidante même pour les plus courageux.
Un criquet peut consommer son propre poids en végétaux en 24 heures.
8. L’étendue des essaims est préoccupante
Une autre curiosité sur les criquets est l’ampleur de leur phénomène migratoire. Chaque espèce suit son propre schéma de distribution, et Schistocerca gregaria est sans aucune l’une des plus problématiques au niveau économique et social.
Pendant les périodes de récession des essaims, l’aire de répartition de cette espèce se limite à une aire de 16 millions de kilomètres carrés qui s’étend de la Mauritanie à la région indienne. À mesure que les populations augmentent et que plusieurs générations de criquets naissent, jusqu’à 60 pays peuvent être touchés par des ravageurs migrateurs.
La superficie que ces essaims peuvent occuper est de 32 millions de kilomètres carrés, ce qui revient à 20 % de la surface de la Terre.
9. Des dommages irréparables
Ces insectes sont polyphages (ils mangent diverses parties des plantes) et, comme nous le disions plus haut, ils sont capables de consommer leur propre poids en matière végétale en seulement 24 heures. Si ce chiffre est multiplié par les 80 millions de spécimens ailés qui se déplacent habituellement par kilomètre carré de terre, il est facile de comprendre pourquoi ces ravageurs sont un réel problème sanitaire, économique et social.
Pour replacer les chiffres dans leur contexte, National Geographic indique qu’un essaim de la taille de Paris est capable de manger en une seule journée la même quantité de nourriture que la moitié de la population humaine présente dans toute la France. En somme, 1 kilomètre carré de criquets consomme autant que 35 000 personnes en une journée.
https://www.youtube.com/watch?v=sANDqiDtFdw
10. Un cycle de vie incompatible avec l’humain
Ce dernier point demande une réflexion nécessaire. S’il est vrai que tous les êtres vivants méritent le respect et leur préservation, il est impossible de concilier les essaims de ces espèces avec la survie de certains groupes de population humaine, notamment les groupes les plus vulnérables qui dépendent de l’agriculture.
La guerre contre les criquets se poursuit à ce jour et, heureusement, des biopesticides très efficaces et relativement sans danger pour l’environnement ont été développés ; ils attaquent sélectivement les espèces à problèmes (comme le champignon Metarhizium acridum). Malheureusement, il existe des cycles biologiques très nocifs qui ne peuvent être résolus et qui posent un grand conflit éthique.
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