10 curiosités sur les grenouilles
Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez
Combien de curiosités sur les grenouilles connaissez-vous ? Ces amphibiens, sans queue et avec des membres postérieurs développés pour le saut, fascinent les herpétologues depuis le début des études biologiques. Leur cycle de vie, le passage du têtard à l’adulte et la respiration cutanée sont des adaptations que l’on ne retrouve pas chez d’autres groupes de vertébrés.
Au-delà de leur physiologie, il existe de nombreuses autres curiosités : certaines sont capables de produire des toxines, d’autres sont recouvertes de cire pour ne pas perdre de l’humidité et d’autres vivent toute leur vie dans l’eau. Si vous voulez connaître les faits les plus fascinants sur ce groupe de petits vertébrés, poursuivez donc votre lecture.
1. Les grenouilles constituent la majorité des amphibiens
Les grenouilles sont des amphibiens anoures (Anura) et, à ce titre, elles forment la classe Amphibia avec les urodèles (Caudata – salamandres et tritons) et les cécilies. Les anoures diffèrent des autres amphibiens par l’absence de queue à l’âge adulte et leur corps plus plat, mais il existe certaines exceptions.
L’ordre Anura englobe 88 % des plus de 8000 espèces d’amphibiens réparties dans le monde. Cela correspond à environ 7 100 grenouilles et crapauds répartis en 55 familles. Le groupe des Hylidae est peut-être le plus célèbre, car il comprend de nombreuses rainettes vertes que nous avons l’habitude de voir dans les documentaires, comme Hyla meridionalis.
2. Elles ont exploité de nombreuses niches
Les membres de l’ordre Anura ont fait preuve d’un rayonnement évolutif impressionnant tout au long de leur histoire. On les trouve des régions tropicales aux régions subarctiques, mais chaque environnement qu’ils habitent doit conserver 2 caractéristiques plus ou moins constantes : des températures élevées/tempérées et une humidité relative élevée.
Les grenouilles sont des animaux ectothermes. Elles dépendent de la température extérieure pour moduler la leur et ne peuvent donc pas habiter les régions gelées.
3. Les grenouilles respirent par la peau
L’une des curiosités sur les grenouilles qui vous sera sûrement familière est qu’elles sont capables de respirer à travers la peau. Les poumons des amphibiens sont assez archaïques et ont très peu de cloisons internes, de sorte que le taux de diffusion des gaz dans ces organes est faible.
Heureusement, comme l’indiquent les études, la peau est responsable de collecter jusqu’à 100 % de l’oxygène ambiant dans de nombreux cas. Cet organe tapissier est rempli de capillaires respiratoires et a besoin d’une humidité constante pour pouvoir transpirer.
De plus, il convient de noter que les grenouilles peuvent moduler la quantité de sang qui pénètre dans la peau dans une certaine mesure. Elles peuvent donc contrôler la quantité de sang qu’elles respirent.
4. Certaines d’entre elles sont très venimeuses
Les membres de la famille des Dendrobatidae se distinguent par leur capacité à produire de puissantes toxines et par leur coloration très frappante. En général, ces grenouilles ont une coloration de base très criardes (bleu clair, jaune phosphoreux et blanc) et des motifs noirs perturbateurs. Leurs tons sont aposématiques, puisqu’ils avertissent les éventuels prédateurs de leur danger.
Ces amphibiens sécrètent divers alcaloïdes lipophiles, appelés batrachotoxines. Ces toxines empêchent la transmission de l’influx nerveux aux muscles, ce qui provoque une hyperexcitabilité cardiaque, des convulsions, une paralysie et la mort.
On pense que les dendrobates tirent leur venin de leurs proies. Ainsi, les spécimens en captivité ne sont pas dangereux.
5. Certaines grenouilles sécrètent des cires de leur peau
Certaines grenouilles singes (genre Phyllomedusa) sécrètent une substance cireuse qui empêche la perte d’eau de leur corps par évaporation. Lorsque l’environnement est très sec, elles se frottent le dos (là où se trouvent les glandes sécrétoires) et se couvrent d’un liquide riche en lipides. Ces grenouilles vivent à la cime des arbres, elles doivent donc se protéger de la déshydratation.
6. Des grenouilles qui ne sortent pas de l’eau ?
Une curiosité que vous ne connaissiez sûrement pas à propos des grenouilles est que certaines d’entre elles passent toute leur vie sous l’eau.
Le genre Xenopus en est l’exemple le plus clair, puisque son représentant le plus célèbre (Xenopus laevis) passe toute sa vie parmi la boue et les sources d’eau périssables. Il s’y est clairement adapté : il a une ligne latérale sensorielle (comme un poisson), un corps aplati et des pattes prêtes à nager.
Ces grenouilles ont les yeux en position dorsale et ne peuvent que regarder vers le haut. Leur peau est couleur olive sur le dessus et blanche sur le dessous, une coloration parfaite pour se fondre dans la boue et la colonne d’eau. Bien qu’elles vivent toujours dans l’eau, elles peuvent supporter des périodes de dessèchement en s’enterrant dans la boue humide.
7. Des grenouilles avec une queue ?
Les deux espèces de grenouilles du genre Ascaphus viennent briser le moule : ce sont les seuls anoures qui possèdent une sorte de “queue” dans leur phase adulte. En réalité, cette structure est une extension du cloaque du mâle, qui s’insère dans l’organe reproducteur de la femelle au moment de la copulation. C’est une caractéristique très archaïque et primitive, mais elle a son utilité.
8. Certaines d’entre elles prodiguent des soins parentaux
Dans le monde des amphibiens, prendre soin des petits est inhabituel. Des milliers d’œufs sont souvent libérés au cours d’associations de reproduction dans lesquelles on ne sait pas clairement qui est le parent de qui. Dans tous les cas, les parents du genre Alytes font partie des meilleurs parents du règne animal, puisqu’ils portent les larves jusqu’à leur éclosion.
Ces grenouilles ridées sont appelées « crapauds accoucheurs ». Il est courant de voir des mâles avec des œufs entre leurs pattes pendant la saison de reproduction. Ces amphibiens intrépides recherchent des endroits humides pour garder leurs petits en sécurité, et lorsqu’ils sont prêts à éclore, ils sautent dans l’eau et les relâchent.
9. Les crapauds et les grenouilles sont différents ?
Une autre curiosité remarquable à propos des grenouilles (et des amphibiens en général) est que la distinction entre « grenouille » et « crapaud » est souvent erronée et manque d’intérêt taxonomique.
On dit que les grenouilles sont plus légères, allongées et ont une peau plus lisse, et que les crapauds sont plus potelés et plus rugueux. Ces idées sont fausses : elles ne sont pas étayées par des études génétiques.
En réalité, les seuls « vrais crapauds » sont ceux qui appartiennent à la famille des Bufonidae, notamment ceux du genre Bufo. Il existe des « grenouilles » et des « crapauds » très rugueux et terrestres (comme le genre Atelopus) qui ont une peau complètement lisse et un corps élancé.
10. Des animaux en danger d’extinction
Soulignons maintenant la nécessité de préserver la biodiversité. Comme l’indique la Liste rouge de l’Union pour la conservation de la nature (UICN), 41 % des amphibiens décrits sont en danger d’extinction, et beaucoup sont sur le point de disparaître à jamais.
La pollution de l’eau, la déforestation, l’introduction d’espèces exotiques et diverses maladies déciment leurs populations. Le chytride (Batrachochytrium dendrobatidis), un champignon parasite, est peut-être la plus grande menace pour ce groupe, car à lui seul, il a décimé les populations de plus de 500 espèces d’amphibiens.
Il est très difficile de terminer cet article sur une note positive. Les amphibiens sont en danger et ils ont besoin de notre aide : tant que les moyens de production n’évolueront pas vers un avenir plus durable, ces espèces et bien d’autres encore disparaîtront à jamais.
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