Le gorille de montagne, un primate unique
Même si de nombreuses espèces méritent une grande attention, certaines possèdent une histoire naturelle et une relation uniques avec l’homme. C’est le cas, par exemple, du gorille de montagne (Gorilla beringei beringei) à qui nous consacrons cet article.
Le gorille de montagne : l’origine
Pour commencer à comprendre ce que cet animal a de spécial, il nous faut évoquer sa taxonomie. Ainsi, le terme gorille désigne deux espèces animales : le gorille occidental et le gorille oriental. Le premier se divise en deux sous-espèces, entre celle des basses terres et celle de la rivière Cross. Le gorille oriental, quant à lui, se divise entre celle des basses terres et le gorille de montagne. C’est ce dernier qui va nous intéresser aujourd’hui.
Le gorille de montagne est une sous-espèce de gorille oriental, dont il ne reste que deux groupes à l’état sauvage. L’un d’eux se trouve dans les mythiques montagnes de Virunga qui ont récemment fait l’objet d’un documentaire. L’autre se trouve dans la forêt de Bwindi, en Ouganda.
Après avoir rapporté plusieurs crânes en Europe à des fins de classification, le naturaliste Carl Akeley a convaincu Albert de Belgique de monter un campement dans les montagnes de Virunga. C’est alors George Schaller qui a entrepris des recherches sur cette espèce, avant de passer le relais à Dian Fossey. Cette espèce est alors rendue célèbre et échappe à l’extinction, ce qui lui a coûté la vie de façon tragique.
Pourquoi le gorille de montagne est-il unique ?
Doté de longues mèches de poils noirs plus denses que chez d’autres gorilles, ce primate, comme le racontait Fossey dans son journal de bord, vit dans d’impénétrables forêts entourée d’une brume épaisse. Ceci explique qu’il soit resté inconnu des populations occidentales pendant des millénaires.
Cette espèce, totalement isolée, a subi l’endogamie pendant des milliers de générations, ce qui est néfaste pour les populations d’animaux sauvages. L’endogamie conduit à des gènes similaires. Par conséquent, face à des changements environnementaux ou à des maladies toute la population se trouve menacée.
De plus, l’endogamie entraîne l’apparition de maladies génétiques, voire de malformations. Dian Fossey elle-même a inscrit dans ses cahiers qu’elle différenciait les lignages de gorilles à travers leurs déformations. Par exemple, elle cherchait la présence de six doigts par main, signe clair du prix génétique de cet isolement.
Le prix de la célébrité du gorille de montagne
Cette espèce s’est retrouvée à deux doigts de l’extinction. Cependant, grâce aux efforts de Dian et d’autres scientifiques, on a réussi à doubler cette population. Malgré tout, cela ne s’est pas fait sans sacrifices. Actuellement, une équipe vétérinaire connue comme les docteurs des gorilles s’occupent constamment de ces animaux.
La célébrité de Fossey a également donné une nouvelle impulsion au tourisme. Ainsi, les gorilles bénéficient aussi bien de soins vétérinaires que d’une bonne couverture médiatique. Ceci permet de financer leur protection, mais aussi le traitement des maladies humaines auxquelles ils sont vulnérables. En effet, l’engouement croissant pour l’observation de la faune sauvage entraînent leur développement.
Il faut savoir que certains virus et maladies respiratoires ont coûté la vie à plusieurs gorilles. Ils se retrouvent d’ailleurs de plus en plus souvent entourés de champs cultivés. Les touristes doivent donc assez souvent porter un masque et garder leurs distances avec les gorilles.
Cette manière originale de préserver la nature a parfois entraîné quelques incidents avec les touristes. Pourtant, le gorille, pacifique, se sent rarement menacé par les dizaines de paires d’yeux suivant des gardes en pleine forêt.
L’héritage de Dian Fossey
Lorsqu’elle a commencé à étudier ces animaux, elle a remarqué qu’ils étaient proches de l’extinction. En effet, la chasse pour des exhibitions en Amérique et en Europe, le conflit avec l’homme, la chasse furtive et la perte de leur habitat fragilisait toujours plus la santé du gorille de montagne.
C’est pourquoi elle ne se contenta pas d’étudier cette espèce. Ainsi, elle a créé des patrouilles de gardes et chiens qui se chargeaient de retirer les pièges pour la chasse. De plus, elle a réussi à obtenir la préservation d’une majeure partie de leur habitat. Enfin, elle a pu sensibiliser le monde entier à la nécessité de sauver ces animaux.
Beaucoup considèrent que sans le travail de Dian Fossey, cette espèce serait déjà éteinte. Aujourd’hui, plus de 800 spécimens survivent dans les forêts impénétrables d’Afrique. Espérons que leurs groupes s’étendent encore davantage.
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