Bihoreau gris : habitat et caractéristiques

Rédigé et vérifié par le biologiste Francisco Morata Carramolino

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Le bihoreau gris, dont le nom scientifique est Nycticorax nycticorax, est un héron abondant et très bien réparti dans la plupart des régions du monde. Malgré cela, il est plus difficile à observer que beaucoup de ses parents, en raison de ses curieuses habitudes nocturnes.

Ce bel oiseau est fortement associé aux zones humides, des écosystèmes d’une énorme valeur écologique qui sont constamment menacés par les actions humaines. Si vous souhaitez en savoir plus sur lui, ses caractéristiques, son comportement et les habitats qu’il occupe, nous vous invitons à poursuivre votre lecture.

L’habitat du bihoreau gris

Comme il est typique des hérons, N. nycticorax est un oiseau clairement lié aux milieux aquatiques. Il semble montrer une préférence pour les plans d’eau douce, bien qu’on puisse également le trouver dans les eaux saumâtres ou salées.

Cet oiseau apparaît généralement dans tous les types de zones humides, à condition qu’elles aient une végétation très développée. Il a surtout besoin de végétation arboricole au niveau des berges, mais aussi de végétation des marais. On peut ainsi le voir apparaître dans les rivières, les lacs, les étangs, les réservoirs, les rizières, les marais et les mangroves, entre autres.

Bien que cela soit moins fréquent, ces oiseaux peuvent également apparaître dans des milieux côtiers, des estuaires ou des prés plus éloignés de l’eau, notamment en période migratoire.

Le bihoreau gris a une distribution très large. On le trouve dans tous les continents à l’exception de l’Océanie, bien que son aire d’alimentation soit fragmentée tout le long de ce territoire. En Espagne, il vit dans les bassins du Tage, du Douro, du Guadiana, de l’Èbre, du Guadalquivir et d’autres grands fleuves. On peut également le voir dans les zones humides côtières.

Certaines de ses populations, en particulier dans l’hémisphère nord, sont migratrices. Au contraire, bon nombre des centres de population du sud sont des résidents. La plupart des populations espagnoles sont estivales, bien qu’il y ait quelques colonies résidentes.

Enfin, il faut noter que son aire de répartition est divisée entre 4 sous-espèces différentes. Ce sont les suivantes : N. nycticorax falklandicus, N. n. nycticorax, N. n. obscurus et N. n. hoactli.

Caractéristiques physiques

Le bihoreau gris est un héron de taille moyenne. Il mesure entre 58 et 65 centimètres, tandis que l’envergure des ailes varie généralement entre 90 et 100 centimètres. Il se distingue par sa constitution plus trapue que celle des autres ardéidés.

Cet oiseau garde généralement son cou replié, il peut donc donner l’impression qu’il n’en a pas. Bien qu’il soit capable de l’étirer de manière surprenante, son cou est toujours plus court et plus large que celui d’autres espèces apparentées. Quant à son bec et à ses pattes, ils sont courts et épais.

La coloration des adultes est élégante et attrayante. La partie supérieure de la tête, le bec et le dos sont noirs, tandis que les ailes sont grises. Le visage, le cou et la partie ventrale du corps sont blancs. Les yeux sont d’un rouge sombre et profond. De plus, les individus reproducteurs ont de longues plumes blanches sur la nuque.

En revanche, les jeunes bihoreaux sont moins attractifs. Ils ont des tons bruns avec des stries blanches et des taches claires et larges sur les ailes. Leur bec et leurs pattes sont jaunâtres, et leurs yeux sont orange.

En plein vol, le corps du bihoreau gris apparaît robuste et compact, avec une queue courte et des pattes courtes, et des ailes assez larges et longues. Le bec reste à tout moment légèrement incliné vers le bas.

L’alimentation du bihoreau gris

Le régime alimentaire de cet animal est opportuniste et s’adapte aux conditions de l’environnement. Ces oiseaux se posent au bord de l’eau ou sur la végétation, où ils attendent patiemment l’apparition d’une proie. Une fois une proie repérée, ils l’attrapent d’un coup rapide dans la nuque.

Avec cette stratégie, ces oiseaux se nourrissent de vertébrés et d’invertébrés de toutes sortes. Leurs victimes courantes sont les poissons, les amphibiens, les lézards, les tortues, les serpents et les mammifères. Ils mangent également des poules et des œufs d’autres oiseaux, ainsi que des crustacés, des insectes et encore d’autres invertébrés.

Comportement et reproduction

Cette espèce est nocturne, mais pas strictement. Elle peut également être active au crépuscule et au lever du soleil. Parfois, elle se nourrit pendant la journée, surtout pendant la saison de reproduction, bien qu’elle reste généralement cachée dans les arbres où elle dort.

Ces oiseaux se reproduisent en grandes colonies pendant la saison de reproduction, qu’elles peuvent partager avec d’autres espèces similaires. Parmi elles se trouvent des hérons cendrés, des aigrettes garzettes et des hérons garde-boeufs. Le reste de l’année, certaines populations conservent leurs habitudes grégaires, tandis que d’autres restent solitaires.

Pour le nid, ces ardéidés construisent une grande plate-forme rudimentaire avec des bâtons, des branches et de la végétation. Les nids sont placés entre 2 et 50 mètres au-dessus de l’eau, dans la végétation riveraine. Les mâles fournissent le matériel, mais ce sont les femelles qui construisent le nid.

Le statut de conservation du bihoreau gris

Heureusement, cet oiseau semble être dans un état de conservation favorable. Bien que son nombre diminue lentement, le bihorneau gris a encore une population énorme à ce jour.

Globalement, on estime qu’il y a entre 570 000 et 3 730 000 spécimens. En Europe, le nombre s’élève à 60 000-86 100 couples, tandis que l’Espagne compte 2 170-4430 couples. Il est à noter que ces chiffres fluctuent beaucoup selon les années.

De plus, l’aire de répartition de N. nycticorax est immense, ce qui favorise la conservation de l’espèce. C’est pourquoi cet animal est classé dans la catégorie « préoccupation mineure » par l‘Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Il existe tout de même des menaces. La sécheresse, la destruction et l’altération des zones humides, la contamination par les pesticides et certaines maladies sont des facteurs à considérer. La persécution humaine dans des endroits dépendants de l’aquaculture est une autre de ses menaces les plus importantes.

La bihoreau gris est un oiseau discret mais représentatif des zones humides du monde entier. Avec un peu de patience — et à mesure qu’il fait nuit — il est possible de profiter de leur présence, toujours à une distance convenable et sans causer de gêne.