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Comment se passe la reproduction des raies ?

6 minutes
Les raies sont des poissons énigmatiques et fascinants à la fois. Si vous voulez tout savoir sur leurs stratégies de reproduction, vous êtes au bon endroit.
Comment se passe la reproduction des raies ?
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Les raies ou batoïdes sont une énigme pour la population générale. On ne sait pas grand-chose sur elles, et il est qui plus est très difficile d’en trouver naturellement, car elles habitent les fonds marins et s’aventurent rarement sur les plages et les côtes. Pour toutes ces raisons, il est normal de ne pas bien connaître le mode de reproduction des raies, ainsi que leurs autres particularités.

A cette occasion, nous nous intéressons au superordre Batoidea et à ses stratégies de reproduction. Si vous voulez savoir comment les raies donnent la vie, poursuivez donc votre lecture.

Les raies, des poissons fascinants

Avant d’entrer dans le vif du sujet, voyons où se situent les raies au niveau taxonomique. Tout d’abord, il convient de noter que ce sont des poissons cartilagineux (élasmobranches), c’est pourquoi leurs parents les plus proches et les plus célèbres sont les requins. Beaucoup d’entre elles sont marines, mais il y a aussi des espèces fluviales.

Les raies (superordre Batoidea) constituent le plus grand groupe de poissons cartilagineux, avec plus de 600 espèces réparties en 26 familles différentes. Toutes ont des caractéristiques corporelles communes : squelette malléable composé de cartilage (d’où le nom de leur taxon), corps aplati, fentes branchiales ventrales et forme discoïde.

La plupart des batoïdes ont une bouche ventrale avec des dents puissantes qu’ils utilisent pour briser les coquilles des invertébrés qui se trouvent dans les fonds marins, tels que les palourdes, les crabes et les escargots. Les raies mantas (genre Mobula) représentent l’exception à la règle, car elles se nourrissent de plancton qu’elles filtrent au fur et à mesure que l’eau passe par leur bouche.

Les raies sont de proches parents des requins. Ce sont tous deux des poissons cartilagineux dont le squelette est malléable.

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Comment se passe la reproduction des raies ?

Maintenant que vous en savez un peu plus sur les raies et leur mode de vie, voyons comment elles se reproduisent. En premier lieu, il faut souligner que toutes présentent un système de fécondation interne, c’est-à-dire qui se produit dans le corps de la femelle. Cette stratégie est très différente de celle des poissons osseux marins.

La plupart des animaux aquatiques choisissent de libérer leurs œufs dans l’environnement et de les fertiliser dans l’eau, car c’est un environnement dans lequel les spermatozoïdes peuvent voyager sans trop de problème (contrairement à la terre ferme). Avec la fertilisation interne, les raies obtiennent les résultats suivants :

  1. La femelle est capable de garder le sperme à l’intérieur. En raison de cela, il y a parfois plus d’un père dans un seul événement de gestation, ce qui fait varier la charge génétique de la progéniture et empêche la consanguinité.
  2. Les œufs ne sont pas exposés prématurément aux prédateurs et aux éléments.
  3. Toute l’énergie investie dans la production de spermatozoïdes et d’ovules se traduit en descendance et n’est pas dispersée dans tout l’écosystème aquatique, contrairement à ce qui e passe avec la fécondation externe.

Un mécanisme complexe

Pour féconder la femelle, les mâles ont une paire de structures appelées ptérygopodes. Ces organes sont des modifications des nageoires pelviennes ventrales, et chez les spécimens adultes, ils sont renforcés par des sels de calcium. Fait intéressant, les claspers sont reliés à un siphon, dont la fonction consiste à se remplir d’eau pour la mélanger avec le sperme, eau qui est ensuite propulsée.

Lorsque les raies doivent se reproduire, le mâle « gonfle » l’un de ses ptérygopodes à l’aide du siphon et l’introduit dans le cloaque de la femelle. À ce stade, l’organe sexuel du mâle s’ouvre comme un parapluie à l’intérieur de sa partenaire et il y a une éjaculation évidente du mélange eau-sperme produit grâce au siphon. Sans aucun doute, cette fécondation est aussi archaïque que surprenante.

Maintenant, que se passe-t-il une fois que le sperme du mâle atteint les ovaires de la femelle ? Nous décortiquons dans les lignes suivantes les stratégies de gestation.

Les raies ovipares

L’oviparité est la stratégie choisie par 30 % des raies et requins dans le monde, comme l’indique le portail Ocean Adventures. La femelle pond les œufs sur le fond marin ou parmi les algues, et comme le sperme du mâle les a déjà fécondés, ces œufs ont une coquille dure et sont mieux protégés de l’environnement.

Leucoraja erinacea est un exemple très intéressant de cette stratégie. Les femelles pondent 2 fois par an (octobre-décembre et avril-mai) et sont capables de produire jusqu’à 35 œufs par an. Ces œufs sont déposés à de faibles profondeurs (pas plus de 27 mètres) et sont de couleur noirâtre, avec des “cornes” creuses et collantes à chaque extrémité.

Chaque enveloppe contient un seul embryon et les cornes au niveau des extrémités fixent l’œuf au substrat, l’empêchant ainsi d’être emporté par la marée.

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Les raies ovovivipares

Les femelles ne pondent pas d’œufs : elles donnent naissance directement à des spécimens déjà formés, et il n’y a pas de lien direct entre la mère et l’enfant à travers un placenta (comme c’est le cas chez l’homme). En termes simples, le fœtus se nourrit du jaune de son œuf, mais se développe dans le corps de la mère.

Un exemple clair de cette stratégie est la raie marbrée (Aetobatus narinari ). Contrairement au cas précédent, la femelle fécondée garde les œufs à l’intérieur de son corps où ils écloseront. Les jeunes doivent donc se nourrir de leurs réserves nutritionnelles jusqu’à ce qu’ils sortent. Au moment de l’accouchement, ils mesurent entre 16 et 35 centimètres de long et leur morphologie est similaire à celle de l’adulte.

Cette stratégie présente un net avantage et un net inconvénient par rapport à la modalité ovipare. On peut les résumer en 2 points :

  1. La raie marbrée ne peut donner naissance qu’à 4 spécimens par événement reproducteur, contre 10 à 35 œufs pour les espèces ovipares. Garder la progéniture à l’intérieur du corps de la mère implique un énorme sacrifice en ce qui concerne le nombre de progénitures.
  2. La probabilité de survie de la progéniture est beaucoup plus élevée avec la stratégie ovovivipare. Un œuf sera toujours plus fragile et sujet à la prédation qu’un spécimen déjà formé.

La reproduction des raies varie d’une espèce à une autre.

Quelques considérations finales sur la reproduction des raies

Comme vous pouvez le constater, la reproduction de ces poissons cartilagineux est beaucoup plus sophistiquée qu’on ne le pense au départ. Tout ce qui précède peut se résumer comme suit : les ovipares privilégient la quantité, tandis que les ovovipares privilégient la « qualité » de la progéniture. Chacune de ces stratégies a ses avantages et ses inconvénients.

Enfin, il faut noter que chez les espèces de raies ovovipares, les avortements spontanés survenant après la pêche sont très courants (jusqu’à 12% des espèces). C’est un énorme problème, car les batoïdes sont des animaux qui mettent beaucoup de temps à mûrir sexuellement et la reproduction leur coûte très cher.

La perte d’un jeune est préjudiciable aux populations de raies déjà en situation de vulnérabilité. Pour cette raison, il est nécessaire d’affiner les techniques de pêche et de mettre fin aux pratiques de chalutage qui emportent avec elles tout sur leur passage, que cela soit commercialement pertinent ou non. La préservation des raisons est nécessaire pour continuer à profiter de leur existence.


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