La boussole quantique présente dans les yeux de certains oiseaux est plus précise qu'un GPS
Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez
Les oiseaux sont capables de parcourir des milliers de kilomètres au cours de leur migration pour atteindre des sites spécifiques. Ils le font pour éviter les intempéries et pour avoir différentes ressources à leur disposition. Cependant, la question demeurait de savoir comment ils pouvaient identifier leurs trajectoires de vol. À l’heure actuelle, on sait que les oiseaux ont une sorte de boussole dans leurs yeux qui les aide à s’orienter.
Le champ magnétique terrestre est ce qui permet aux boussoles de reconnaître l’emplacement nord. Ce fait a été largement utilisé par l’homme, qui a la capacité à créer des outils. Il est donc surprenant que les oiseaux aient pu développer un mécanisme similaire basé sur leurs caractéristiques biologiques. Poursuivez donc votre lecture pour en apprendre plus sur cette incroyable capacité.
Des routes migratoires parfaites
La migration des oiseaux est un fait courant au sein du règne animal. Ce mouvement peut être minime comme considérable. La plus impressionnante est celle qui consiste à parcourir de longues distances pour atteindre même d’autres continents.
Ce phénomène consiste à se déplacer d’un habitat à un autre, mais la route migratoire comporte parfois certaines « escales ». Cela signifie que les oiseaux détectent des endroits où ils peuvent se reposer un moment, puis reprennent leur vol vers la destination finale. Cette planification est presque parfaite car, dans certains cas, ils modifient leurs caractéristiques physiologiques pour se conformer à leur itinéraire.
Il est clair que ces animaux incroyables utilisent une certaine stratégie d’orientation, autrement ils ne pourraient pas atteindre des endroits aussi éloignés. De plus, dans la plupart des cas, les spécimens survolent ces routes sans les avoir parcourues auparavant, il leur est donc impossible de le faire sans l’aide de leur corps.
Comment les oiseaux sont-ils guidés durant leurs routes migratoires ?
Pendant longtemps, on a essayé d’expliquer le mécanisme par lequel les oiseaux pouvaient s’orienter pendant leurs vols. Parmi les hypothèses les plus pertinentes, figurait celle selon laquelle leur capacité potentielle leur permettait de détecter les champs magnétiques terrestres, ce qui semblait fantaisiste, car il n’y avait pas suffisamment de preuves pour la soutenir.
En 2021, une étude scientifique publiée dans la revue Nature a détecté pour la première fois une protéine dans les yeux d’oiseaux ayant la capacité d’enregistrer des champs magnétiques, comme une boussole. Il s’agit du cryptochrome 4 (CRY4) et il est sensible à la lumière, mais certaines modifications que l’on ne trouve que chez les espèces migratrices le transforment en une « boussole quantique ».
Le terme « quantique » est utilisé pour décrire la manière dont cette protéine est activée : la lumière induit un décalage d’électrons qui forme un mini champ magnétique. Grâce à cela, les oiseaux peuvent « sentir » le nord magnétique et s’orienter. Leur boussole est plus efficace qu’un GPS fabriqué par l’homme.
Bien que cette explication semble répondre à la grande inconnue qu’est l’orientation des oiseaux, la réalité est que ce n’est que le début de l’explication. L’étude en question ne prend pas en compte tous les spécimens migrateurs, elle ne peut donc pas être généralisée. D’autres études sur de nombreuses espèces sont encore nécessaires.
Un bon souvenir aide aussi
Comme mentionné ci-dessus, les oiseaux utilisent un grand nombre de stratégies pour s’orienter au cours de leurs routes migratoires. Un autre des mécanismes incroyables qui a été reconnu en 2021 était leur grande mémoire spatiale : ils ont la capacité de se souvenir de l’itinéraire et de la distance de chacune de leurs trajectoires.
Cette capacité leur permet de déterminer tous les détails de leur trajet comme s’ils avaient une carte. Cela leur donne également la possibilité de la modifier au cas où il y aurait une nouvelle zone plus propice à leur migration. En somme, ils n’ont besoin de parcourir leur route migratoire qu’une seule fois pour ne pas l’oublier de leur vivant.
Tout cela est déterminé par le gène ADCY8. Selon une étude publiée dans la revue Nature, le génome des oiseaux semble être étroitement lié à leur capacité à déterminer leurs routes migratoires. Cette adaptation est indispensable, car les trajets les plus longs seraient quasiment impossibles sans un enregistrement des trajets.
Changement climatique et routes migratoires
Malgré les capacités étonnantes dont les oiseaux font preuve, il faut garder à l’esprit que les conditions climatiques jouent un rôle. Il est important de rappeler que l’objectif de la migration est d’atteindre un meilleur habitat, avec une plus grande disponibilité des ressources. Les oiseaux peuvent être en mesure de modifier leur migration en raison du changement climatique.
Si nous comprenons la manière dont les oiseaux déterminent leurs propres trajectoires de vol, il est possible de prédire comment le changement climatique les affectera. De plus, des sites clés favorisant la conservation de l’espèce peuvent être définis. Chaque avancée dans la découverte des mystères qui entourent encore ces animaux nous permet de comprendre leur biologie et de les aider à l’avenir.
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