Comment les ourses s'occupent-elles de leurs petits ?
Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez
L’ours brun (Ursus arctos) peut donner l’air d’un mammifère létal car, quand il se met sur deux pattes, même l’humain le plus intrépide en est terrifié. En dépit de leur aspect imposant, voir comment les ourses s’occupent de leurs petits est un spectacle aussi attendrissant que fascinant sur le plan évolutif.
En plus de leur instinct naturel, les pressions évolutives ont poussé les ourses à adopter de nouvelles tactiques pour esquiver les dangers que suppose l’espèce humaine. Si vous voulez savoir comment les ourses s’occupent de leurs petits dans un monde globalisé, n’hésitez pas à poursuivre votre lecture.
À propos de l’ours brun
Avant de nous plonger dans les tactiques maternelles de cette espèce, il est nécessaire de connaître quelques données importantes à propos de l’ours brun.
Nous sommes face à un mammifère de la famille Ursidae, typique d’Eurasie et d’Amérique du Nord. Il présente un rang morphologique assez marqué : sa taille varie de 1,5 mètres à 2,95 mètres et son poids peut aller de 100 kilos à 675 kilos.
Ces animaux sont omnivores. Ils présentent quatre canines affilées dans leur appareil mandibulaire typiques des carnivores, mais aussi des incisives et des molaires aptes pour la coupe d’herbes et de tiges.
Au niveau de leur reproduction, les ours procréent entre mai et juillet et la gestation dure environ deux mois. Au cours de la période de soin parental, il est commun de voir les femelles voyager dans des noyaux familiaux avec leurs petits (plus de la moitié des groupes se composent de deux petits et de la mère).
Lors de cette période, qui dure environ un an et demi, les femelles répartissent leur activité de la façon suivante :
- Elles passent plus de 60 % du temps à chercher de la nourriture.
- 22 % du temps correspond au mouvement de la famille, habituellement associé à des activités de fourrage.
- Elles ne se reposent que très peu (9,4 % du temps). Les processus d’allaitement occupent environ 1,2 % de leur temps et elles ne jouent que 1 % du temps.
De nouvelles techniques adaptées à une nouvelle époque
En dépit de l’empreinte génétique que possèdent les différentes espèces animales, elles s’adaptent au milieu et à ses différents changements.
Découvrez dans la suite de cet article comment les ourses s’occupent de leurs petits dans un environnement extrêmement modifié par l’être humain.
Les ourses utilisent les humains comme une “barrière”
Une étude publiée dans la revue Royal Society a permis de découvrir un comportement inusité de la part des ourses avec des petits. Même si cela peut sembler incroyable, les ourses avec des petits (localisées en Suède) se rapprochent des noyaux de population humains pour éviter des agressions de la part des mâles.
Il est en effet habituel pour les ours bruns de tuer les petits d’une femelle avec laquelle ils n’ont pas procréé, car il est ainsi possible qu’elle se montre plus réceptive sur le plan sexuel, et plus rapidement. Ainsi, la sélection d’un habitat adéquat de la part de l’ourse influencera de façon directe la survie de sa descendance.
Dans cette étude, on a pu observer que les mères qui connaissaient le plus de succès dans cette quête étaient celles qui choisissaient des habitats proches des êtres humains.
Elles choisissent des zones proches de noyaux de population avec suffisamment de végétation pour se protéger et protéger leur famille, car les mâles en rut ne s’aventurent pas aussi loin de la frondaison des bois. Ces mères courageuses nous utilisent donc en tant que boucliers pour éviter de voir leurs petits se faire tuer.
Les ourses s’occupent plus longtemps de leurs petits par crainte d’être chassées
Toutes les interactions de l’ours brun avec l’être humain ne sont pas positives. Cette étude de la revue Nature Commons a démontré que le temps que les petits passaient avec leur mère augmentait avec la présence de chasseurs.
Les femelles s’occupent généralement de leurs oursons pendant environ un an et demi, mais les données montrent que cette période peut s’étendre jusqu’à deux ans et demi, surtout dans les zones où la chasse représente une menace à leur survie.
La loi indique que les mères qui sont accompagnées de leurs petits sont protégées de la chasse. Par conséquent, plus elles passeront de temps avec leur descendance, plus elles augmenteront leur possibilité de survie.
Il s’agit d’un cas très clair de trade-off évolutif, car plus les ourses resteront avec leurs petits, moins elles pourront se reproduire. Néanmoins, elles pourront vivre plus longtemps.
Le risque d’être chassée, pour une ourse, est quatre fois plus élevé quand elle est seule que lorsqu’elle est accompagnée de ses petits.
Les deux faces de la monnaie
Comme nous avons pu le voir, les êtres humains peuvent être aussi bénéfiques que nocifs pour une ourse et ses petits.
Même si ces mécanismes adaptatifs sont fascinants, nous ne pouvons cesser de penser qu’en tant qu’espèce, il est problématique que notre activité soit nocive au point de provoquer des changements dans les comportements ancestraux d’autres espèces.
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