Le sens évolutif de l'hermaphrodisme
Rédigé et vérifié par la biologiste María Muñoz Navarro
Les êtres hermaphrodites sont ceux qui produisent des gamètes masculins et féminins. Cette situation est très répandue chez la majorité des plantes, mais saviez-vous que l’hermaphrodisme se produit aussi chez les animaux ? Nous allons dès maintenant vous expliquer pourquoi être hermaphrodite peut être un avantage évolutif dans le royaume animal, en prenant quelques exemples.
Systèmes de reproduction
Il existe, dans la nature, différentes méthodes de reproduction. Celles-ci ont varié au fil de l’histoire selon les avantages évolutifs qu’elles fournissaient à chacune des espèces, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux ou même de champignons.
Il y a deux systèmes de reproduction généraux :
- Sexes séparés ou diécie : certains êtres sont des mâles, et d’autres des femelles
- Hermaphrodisme : il se caractérise par la présence d’organes reproducteurs masculins et féminins dans le même être
Avantages de l’hermaphrodisme
La théorie d’assignation de sexe soutient que l’hermaphrodisme est favorisé par la sélection naturelle quand le nombre de descendants est plus élevé chez les hermaphrodites que chez des populations où les sexes sont séparés.
Comme le souligne une étude de la revue Journal of Evolutionary Biology sur la biologie évolutive, pour que l’accouplement ait lieu, les animaux doivent se déplacer en quête de leur partenaire. Si un organisme vit fixé à une structure, sans aucune mobilité (comme les coraux ou les moules), trouver un partenaire avec lequel se reproduire représente tout un défi.
Par ailleurs, ce peut aussi être compliqué dans les cas où l’individu recherche son/sa partenaire de façon active mais, pour cela, doit payer un lourd tribut en terme d’énergie. Il doit donc penser à la façon dont gérer le temps et cette dépense d’énergie pour pouvoir se nourrir et, en même temps, chercher ce/cette partenaire.
Les animaux peuvent trouver un partenaire quand ils se nourrissent. Mais s’ils se concentrent sur cette recherche, leur alimentation est reléguée au second plan.
Les hermaphrodites sont autosuffisants
Certains hermaphrodites peuvent s’auto-féconder et n’ont donc pas besoin d’autre être pour pouvoir se reproduire. Même si cela se produit de façon exceptionnelle.
En outre, tandis que le reste des hermaphrodites peut s’accoupler avec n’importe quel individu, les organismes avec des sexes séparés ont absolument besoin d’un animal de sexe opposé. Par conséquent, l’hermaphrodisme suppose un véritable avantage dans ces circonstances.
Cependant, quand la recherche de partenaire est efficace, énergétiquement parlant, l’hermaphrodisme n’est pas une bonne stratégie de reproduction. Dans ces cas, la sélection naturelle devra agir pour que, chez ces espèces, la séparation des organes sexuels soit possible.
L’hermaphrodisme est aussi utile quand la densité de population est très faible, en raison du petit nombre d’individus.
Types d’hermaphrodisme
Les hermaphrodites produisent des gamètes aussi bien masculins que féminins. Cependant, les circonstances au cours desquelles ils se fécondent eux-mêmes sont ponctuelles.
La quantité et le type de gamètes va dépendre de ce qui s’ajuste le mieux à l’activité physique de l’animal.
Ainsi, selon la façon dont le nombre d’organes sexuels est géré, il existe deux types d’hermaphrodisme : simultané et séquentiel.
Certaines espèces peuvent alterner entre les deux types. Cela dépendra de la :
- Concurrence avec l’animal qui s’accouple
- Taille de la population
- Relation de proportionnalité entre les sexes
Hermaphrodisme simultané
Les animaux qui pratiquent l’hermaphrodisme simultané sont ceux qui, quand ils trouvent leur partenaire, peuvent agir tous deux en tant que mâle et femelle. La capacité de choisir d’agir comme un sexe ou un autre peut créer un conflit car les deux individus voudront choisir celui qui est le moins coûteux.
Hermaphrodisme séquentiel
Ici, l’animal change de sexe au fil de sa vie. Il commence en étant l’un des types et finit par devenir l’autre. Ce changement de sexe est programmé dans ses gènes et est déterminé par son environnement.
Animaux hermaphrodites
L’hermaphrodisme se produit chez des animaux invertébrés et des poissons. En voici quelques exemples :
Le poisson-clown
Ces animaux ont un hermaphrodisme séquentiel. Les poissons-clowns naissent mâles puis, à un moment de leur vie, changent de sexe et se transforment en femelles.
Ils le font aussi quand les femelles du groupe meurent et maintiennent ainsi la prévalence de la population. Tous ces changements sont régulés par des expressions hormonales.
Les escargots
Les escargots sont l’exemple classique d’hermaphrodisme. Ils produisent des gamètes masculins et féminins mais n’ont pas la capacité de s’auto-féconder. Par conséquent, quand un escargot s’accouple avec un autre, l’un fait le mâle et l’autre, la femelle.
Étoiles de mer
Même si, chez les étoiles de mer, on retrouve des individus mâles et d’autres femelles, il existe certaines espèces qui sont des hermaphrodites simultanés et d’autres, des hermaphrodites séquentiels.
Tout dépend de la réussite reproductive
L’hermaphrodisme ou la séparation des sexes chez une espèce aura lieu selon la réussite reproductive. La densité de population, le coût énergétique et la capacité de déplacement sont les facteurs qui influent le plus pour qu’il existe un type de système de reproduction ou un autre.
Nous pouvons finalement conclure que la faible densité de population et la lenteur favorisent l’hermaphrodisme. En revanche, si la population est constituée d’un grand nombre d’individus qui se déplacent efficacement, la séparation des sexes sera favorisée. Beaucoup de scientifiques affirment, avec ce dernier argument, que la séparation des sexes provient de l’hermaphrodisme.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Singh, Pragya, and Lukas Schärer. “Evolution of sex allocation plasticity in a hermaphroditic flatworm genus.” Journal of Evolutionary Biology (2022).
- Chasnov, J. R. “The evolution from females to hermaphrodites results in a sexual conflict over mating in androdioecious nematode worms and clam shrimp.” Journal of evolutionary biology 23.3 (2010): 539-556.
- Eppley, S.M. and Jesson, L.K. Moving to mate: the evolution of separate and combined sexes in multicellular organisms. J-Evol. Biol. (2008) 21(3):727-736.
- Kebir, A., Fefferman, N.H., and Ben, M.S. Understanding hermaphrodite species through game theory. J. Math. Biol. (2015) 71(6-7):1505-1524.
- Puurtinen, M. and Kaitala, V. Mate-search efficiency can determine the evolution of separate sexes and the stability of hermaphroditism in animals. Am. Nat. (2002) 160(5):645-660.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.