7 mythes sur les crapauds
Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez
Les amphibiens sont les vertébrés qui souffrent le plus des actions du changement climatique. Comme l’indique la Liste rouge de l’UICN, 41 % des espèces de ce groupe sont compromises, que ce soit par la pollution de l’eau, par l’introduction d’espèces exotiques ou par des maladies transmissibles. Les mythes sur les crapauds n’aident pas à les préserver.
Dans de nombreuses régions, il existe des mythes et des légendes sur les animaux qui se propagent de génération en génération. Parfois, ceux-ci aident à protéger une espèce (surtout s’ils sont associés à des événements religieux positifs). D’autres fois, ils peuvent conduire à la persécution d’un être vivant complètement innocent.
Aujourd’hui, nous brisons 7 mythes néfastes sur les crapauds avec des preuves scientifiques à l’appui. Poursuivez donc votre lecture !
1. Les crapauds et les grenouilles se différencient par leurs verrues
Il est courant d’entendre dire que les grenouilles et les crapauds ont une apparence différente. Les grenouilles seraient plus minces que les crapauds, auraient une peau moins rugueuse et seraient plus étroitement liées aux environnements aquatiques. Les crapauds, eux, auraient un corps dodu, des verrues sur toute la peau et seraient plus terrestres.
Cette idée préconçue n’a aucun fondement phylogénétique. Par exemple, la grenouille Bombina orientalis passe le plus clair de son temps dans l’eau, mais son corps est rugueux, aplati et ses membres sont très courts. Le crapaud arlequin a une peau complètement lisse et est très mince, mais ne peut pas être classé comme une « grenouille » au niveau génétique.
Les seuls amphibiens pouvant être strictement appelés « crapauds » sont ceux appartenant à la famille des Bufonidae. Ce taxon comprend 35 genres génétiquement apparentés. Toutes les espèces de ce groupe sont considérées comme de vrais crapauds, quel que soit leur aspect extérieur ou la rugosité de leur peau.
2. Si on les touche, on aura des verrues
Comme de nombreux représentants du genre Bufo ont la peau rugueuse, on entend dire que si on les touche, on aura des verrues. Cela n’est basé sur aucune preuve scientifique.
Comme l’indique l’OMS, les verrues résultent d’une infection par le papillomavirus (HPV). Il existe plus de 100 types de VPH qui affectent l’être humain : certains pénètrent par la peau et provoquent des verrues, d’autres provoquent des lésions génitales, et quelques-uns (14 d’entre eux) favorisent l’apparition de cancers, notamment celui du col de l’utérus.
3. Les crapauds crachent du poison
Les crapauds ne crachent pas de poison. Ils n’ont pas de glandes qui sécrètent de composés toxiques directement dans la bouche et ils n’ont pas de mécanismes pour éjecter les liquides. Ils sont en général assez maladroits et, lors de la chasse, ils se jettent sur l’insecte et le ramassent avec leur langue collante. Ils manquent de stratégies de défense complexes.
4. S’ils sont dérangés, ils gonflent jusqu’à exploser
De nombreuses espèces de crapauds, lorsqu’elles sont menacées, se redressent sur le bout des doigts et augmentent considérablement de volume. Pour ce faire, elles aspirent un excès d’air et remplissent leurs sacs vocaux (et leurs poumons) jusqu’à ce que leur prédateur disparaisse. C’est un mécanisme de défense très basique, mais il peut dissuader un mammifère affamé au moment clé.
Cependant, si on les dérange, elles n’aspirent pas d’air jusqu’à exploser. Cette affirmation n’a aucun sens biologique : si cela était vrai, cela provoquerait la mord du crapaud. Or, les comportements dans le règne animal surviennent pour préserver la lignée d’une espèce, pas pour que les spécimens meurent sans pouvoir se reproduire.
5. Les crapauds n’ont pas besoin d’eau pour vivre
On dit parfois à tort que les grenouilles sont liées au milieu aquatique, et que les crapauds vivent dans des endroits secs et terreux. Rien n’est plus faux : tous les amphibiens ont besoin de beaucoup d’humidité. En effet, leur peau doit être humide : une grande partie de leur respiration se fait à travers l’épiderme, la sécheresse peut donc les mettre en danger.
Chez certaines espèces d’amphibiens, jusqu’à 100 % des échanges gazeux se produisent à travers la peau.
6. Attraper un crapaud n’est pas dangereux
Les crapauds sont totalement inoffensifs, mais si on les laisse tranquille. Tous les Bufonidae ont une paire de glandes parotoïdes derrière les yeux, dans la région de la tête et sur les épaules. S’ils sont dérangés, ils vont sécréter à travers eux un liquide laiteux qui est nocif. Ce liquide contient des bufotoxines, des composés neurotoxiques utilisés pour la défense.
Pour cette raison, il n’est pas recommandé de manipuler les crapauds sans gants, et encore moins de porter les mains à la bouche ou aux yeux après l’avoir fait. Ce composé sécrété n’est généralement pas mortel, mais s’il est ingéré en grande quantité, il peut, dans de rares cas, provoquer une intoxication avec des arythmies, des vertiges et des problèmes digestifs.
7. Les crapauds sauvages font de bons animaux de compagnie
Plus qu’un mythe sur les crapauds, ce dernier point renvoie à l’irresponsabilité de retirer des spécimens sauvages de leur milieu naturel. Bien que les amphibiens soient de plus en plus prisés dans le domaine des terrariophilie, ils doivent toujours être obtenus auprès d’écloseries officielles : vous devez être sûr qu’ils n’ont pas été extraits de leur environnement.
Sortir un crapaud d’une rivière ou d’une route peut sembler anodin, mais il faut garder à l’esprit que la grande majorité des espèces d’amphibiens sont en danger. Cela signifie que leurs effectifs sont généralement inférieurs à la normale. Respecter les spécimens sauvages est le moins que l’on puisse faire pour les préserver.
Comme vous pouvez le voir, les mythes et légendes sur les crapauds sont totalement injustifiés. Ces animaux sont totalement inoffensifs, à condition de les respecter et d’éviter de les manipuler de manière excessive.
Si vous entendez l’une de ces fausses affirmations, vous savez maintenant comment les réfuter. Il est de notre devoir d’informer la population pour éviter des persécutions inutiles.
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