Logo image
Logo image

Titanoboa : le plus grand serpent du monde

4 minutes
Le Titanoboa était le prédateur gigantesque qui dominait dans les anciens marais tropicaux colombiens.
Titanoboa : le plus grand serpent du monde
Francisco Morata Carramolino

Rédigé et vérifié par le biologiste Francisco Morata Carramolino

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les serpents existent depuis le Jurassique, lorsque les dinosaures régnaient sur la Terre. Pendant tout ce temps, ils se sont diversifiés en espèces incroyables. L’une d’elles est Titanoboa cerrejonensis, le plus grand serpent jamais découvert.

Cet animal pouvait facilement mesurer deux fois la taille des deux serpents aujourd’hui en compétition pour le record : l’anaconda vert et le python réticulé. Bien que ces animaux imposent le respect, ils n’ont rien à voir avec l’ancien titan. Si vous souhaitez en savoir plus sur le Titanoboa et sa découverte, poursuivez donc votre lecture.

Habitat et caractéristiques du Titanoboa

Titanoboa était un boidae : il appartenait à la même famille que les boas et anacondas d’aujourd’hui. Il présentait donc de nombreuses similitudes avec ces serpents, ce qui a permis de découvrir des aspects de sa biologie.

Les vertèbres du Titanoboa sont les plus grandes jamais trouvées pour un serpent, chacune mesurant plus de 10 centimètres. Tenant compte de cette information, on estime que le serpent mesurait entre 12 et 14 mètres de long.

Ce serpent n’était pas seulement long. Comme pour les boidae d’aujourd’hui, il était également large et lourd. On estime que ce reptile pesait environ 1135 kg.

Le serpent le plus lourd qui existe aujourd’hui est l’anaconda vert (Eunectes murinus). Malgré cela, les plus gros spécimens jamais enregistrés de ce serpent n’atteignent qu’un cinquième du poids normal du Titanoboa. De plus, la grande majorité des anacondas ne grandissent pas autant.

Cela met en évidence à quel point le Titanoboa était impressionnant dans la vie. C’est l’un des plus gros animaux terrestres ayant vécu au Paléocène et à l’Éocène, voire même le plus grand.

Some figure

Comment le titanoboa a-t-il été découvert ?

Les fossiles de cet animal ont été trouvés dans la mine de Cerrejón, en Colombie. Cet endroit inhospitalier est une exploitation minière massive de charbon, mais il contient également l’un des gisements fossiles les plus riches d’Amérique du Sud.

Les géologues colombiens ont commencé à découvrir les trésors que cet endroit abritait il y a 27 ans. Ils ont également organisé des expéditions avec des paléontologues américains à partir de 2003. Cette équipe internationale a découvert peu à peu les restes fossiles qui se trouvaient en abondance dans la mine du Cerrejón.

De nombreux fossiles ont été préservés et transportés pour une étude ultérieure. Ce travail demande énormément de temps, il est donc normal que les fossiles ne soient décrits que bien longtemps après leur découverte.

En examinant certains de ces vieux os qu’ils avaient classés comme des os de crocodiles, les chercheurs se sont rendus compte d’une erreur. Cela paraissait fou, mais ces vertèbres appartenaient à un serpent préhistorique. Suite à ce constat, ils ont organisé de nouvelles expéditions en Colombie.

Des années plus tard, ces paléontologues avaient collecté environ 100 vertèbres de 18 spécimens différents et contacté encore plus de scientifiques. En 2009, après la réalisation de modèles de calcul complexes et un énorme travail, l’article qui a présenté le Titanoboa au reste du monde a vu le jour.

L’écosystème des serpents

La mine de Cerrejón contient les restes de nombreux animaux disparus et peut-être quelque chose d’encore plus important. Les premières forêts tropicales d’Amérique du Sud ont recouvert ces mines il y a des millions d’années.

Ces écosystèmes étaient similaires à ceux d’aujourd’hui, avec de grandes rivières, des marécages et une végétation luxuriante. Le titanoboa habitait dans ces zones marécageuses des premières forêts tropicales.

Bien sûr, ces forêts présentaient des différences avec les forêts d’aujourd’hui. Les précipitations étaient plus importantes, et la température, beaucoup plus chaude.

Ce dernier point a été vérifié grâce à la taille de notre serpent géant. La taille maximale des animaux poïkilothermiques –  «à sang froid » –  dépend de la température de leur environnement. Avec des températures plus élevées, les poïkilothermes peuvent grandir.

Les 13 mètres approximatifs du Titanoboa indiquent qu’il vivait dans un climat extrêmement chaud, avec une moyenne annuelle comprise entre 32 et 33 degrés Celsius. En outre, d’autres grands vertébrés habitaient cet écosystème. Parmi eux, des anciens crocodiles, des tortues et poissons pulmonés.

Les similitudes avec les serpents actuels

Ce serpent était étonnamment similaire à ses parents actuels. Il vivait dans des écosystèmes très similaires à ceux des anacondas verts et sa biologie rappelle également de ces derniers.

Par exemple, le titanoboa était un animal semi-aquatique, et passait une grande partie de sa vie camouflé dans les eaux marécageuses. Du fond de l’eau, il traquait ses potentielles proies.

Avec sa taille énorme, ce serpent pouvait se nourrir de n’importe quel autre animal de l’écosystème, y compris les crocodiles et les tortues. Malgré cela, les caractéristiques de sa mâchoire et de sa dentition indiquent qu’il s’est peut-être principalement nourri de poissons. Ce serait un trait unique parmi ses proches.

Comme le reste des boidae, cet animal n’était pas venimeux. Il maîtrisait ses proie via la constriction: il s’enroulait autour d’elles et les serrait avec son corps musclé jusqu’à ce qu’elles suffoquent ou aient un arrêt cardiaque.

Some figure

Titanoboa cerrejonensis était un animal spectaculaire, mais la mine de Cerrejón recèle encore de nombreux mystères. Grâce au travail inlassable de paléontologues dévoués, d’autres êtres impressionnants qui peuplaient autrefois les premières forêts tropicales pourraient être découverts à l’avenir.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • https://www.smithsonianmag.com/science-nature/how-titanoboa-the-40-foot-long-snake-was-found-115791429/
  • https://www.nationalgeographic.com/science/article/titanoboa-thirteen-metres-one-tonne-largest-snake-ever
  • https://www.nationalgeographic.com/animals/reptiles/facts/green-anaconda
  • https://www.nhm.ac.uk/discover/what-is-the-biggest-snake-in-the-world.html
  • Head, J. J., Bloch, J. I., Hastings, A. K., Bourque, J. R., Cadena, E. A., Herrera, F. A., … & Jaramillo, C. A. 2009. Giant boid snake from the Palaeocene neotropics reveals hotter past equatorial temperatures. Nature, 457: 715-717.
  • Head, J. J., Bloch, J. I., Moreno-Bernal, J., Rincon Burbano, A., & Bourque, J. 2013. Cranial osteology, body size, systematics, and ecology of the giant Paleocene snake Titanoboa cerrejonensis. J Vert Paleontol, 33: 140-141.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.