Guitares de mer : habitat et caractéristiques
Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez
Le terme « guitare de mer » englobe un grand nombre d’espèces réparties en 3 familles : les Platyrhinidae, les Rhinobatidae et les Rhynchobatidae. A titre informatif, nous allons nous concentrer sur les membres du groupe des Rhinobatidae, qui à lui seul comprend 48 espèces différentes.
Les guitares de mer habitent diverses mers et océans du monde entier, généralement les eaux peu profondes et les zones climatiques tropicales ou tempérées. Ces proches des requins et des raies sont très peu connus dans la société, mais certains sont en danger et ont besoin de notre aide. Si vous voulez en savoir plus sur ces animaux, poursuivez donc votre lecture.
L’habitat de la guitare de mer
Avant de s’intéresser à la répartition géographique de ces espèces, il nous paraît intéressant de revenir sur la position phylogénétique de la famille des Rhinobatidae. Les guitares de mer appartiennent au superordre Batoidea, c’est-à-dire qu’ils partagent un taxon avec les raies et leurs proches immédiats.
En d’autres termes, les guitares de mer sont des raies, bien qu’elles ne leur ressemblent pas à premier vue. Elles ont un squelette cartilagineux, ont tendance à vivre dans des eaux peu profondes et sont étroitement liés aux requins.
En général, les guitare de mer se trouvent dans les eaux tempérées et tropicales des mers du monde, bien que chaque espèce ait sa propre aire de répartition. Par exemple, on trouve Rhinobatos productus sur la côte sud-ouest de l’Amérique du Nord, du Mexique et du golfe de Californie, tandis que Rhinobatos annandalei habite les eaux de l’Inde, du Pakistan et du Sri Lanka.
La famille des Rhinobatidae comprend 48 espèces différentes dans 5 genres. 8 espèces de 4 genres sont originaires des eaux australiennes.
Caractéristiques physiques
Tous les batoïdes sont des poissons cartilagineux, c’est-à-dire qu’ils ont un squelette plus mou que le reste des poissons vertébrés actinoptérygiens. La forme de la guitare de mer est à mi-chemin entre celle d’un requin et d’une raie. La queue ressemble beaucoup à celle de certaines espèces de requin, tandis que son corps aplati ressemble à celui d’une raie.
De nombreuses espèces de la famille des Rhinobatidae ont une tête triangulaire. Elles se distinguent des raies grâce à ces formes plus “pointues”, entre autres. Elles mesurent généralement entre 120 et 140 centimètres, mais certaines espèces atteignent les 3 mètres de long.
Les nageoires pectorales de ces poissons cartilagineux sont très larges. Leur queue est épaisse et comprend une nageoire caudale très marquée, un trait qu’ils partagent avec d’autres animaux benthiques. Et leurs couleurs, olive et jaunâtre, leur permettent de se fondre dans le sable.
Chaque espèce a ses propres caractéristiques. Toutefois, leur structure corporelle générale est généralement aplatie et presque toutes les espèces ont un museau pointu en forme de flèche.
Le comportement de la guitare de mer
En général, les guitares de mer sont solitaires, sauf pendant les périodes où ont lieu des agrégations reproductrices. Ces animaux ne sont pas territoriaux et passent la plupart de leur temps enfouis dans le sable.
Chaque type de guitare de mer a des traits particuliers, mais Rhinobatos productus, l’espèce “type” la plus connue, attire davantage l’attention. Ce vertébré a un système visuel plus avancé que les autres élasmobranches, car il possède de multiples projections qui se connectent avec le cerveau.
De plus, sur son nez, il possède des organes spéciaux, les ampoules de Lorenzini, des électrorécepteurs capables de détecter les décharges électriques de l’environnement. Ainsi, les guitares de mer peuvent retrouver leurs proies enfouies sous le sable grâce à l’activité électrique qu’elles produisent involontairement.
Alimentation
Les guitares de mer se nourrissent généralement la nuit. Leurs proies préférées sont les petits invertébrés, tels que les polychètes qui habitent le sable, les crustacés, les mollusques et les très petits poissons. Ces animaux “reniflent” le sable et les rochers pour trouver leurs proies.
Fait intéressant : une étude publiée dans la revue Marine and Freshwater Research a révélé que ces animaux modulent leurs comportements alimentaires en fonction de leur métabolisme. Les guitares de mer semblent se nourrir dans les eaux plus chaudes, et se reposent dans des zones froides ou tempérées. Elles réduisent ainsi leur taux métabolique lorsqu’elles ne sont pas actives.
Reproduction
Les guitare de mer sont des animaux ovovivipares. Cela signifie que la fécondation de l’ovule est interne et que la progéniture se développe au sein de la mère, mais recouverte d’un œuf. Lorsqu’elle est prête à naître, la femelle l’éjecte à l’extérieur. Il s’agit d’une étape intermédiaire entre la stratégie ovipare (œufs) et la stratégie vivipare (placenta).
Encore une fois, nous portons notre attention sur l’espèce Rhinobatos productus pour décrire les modes de reproduction des guitares de mer, car c’est l’une des plus étudiées. Dans ce cas précis, les spécimens adultes se reproduisent une fois par an et sont monogames. Pour l’acte reproducteur, ils préfèrent les eaux très peu profondes.
Les mâles et les femelles atteignent la maturité sexuelle à, respectivement, 8 et 7 ans. Les accouplements ont lieu au milieu de l’été dans les baies et les estuaires, et la gestation des femelles dure entre 9 et 12 mois. Une grossesse débouche généralement sur la naissance de 6 à 28 spécimens, dont la longueur initiale est d’environ 20 centimètres.
Statut de conservation et relation avec l’homme
La situation des guitares de mers varient d’une espèce à une autre. Par exemple, Acroteriobatus annulatus est en danger et se trouve alors dans la catégorie « Vulnérable » de l’ UICN. Rhinobatos productus est, elle, dans le groupe « Quasi menacée » et Rhinobatos rhinobatos est « en danger critique ».
De manière générale, l’état de conservation des guitares de mer est préoccupant, car elles tombent par erreur dans les filets de pêche. Il est possible de les saler et de les vendre,mais son importance économique ne justifie pas les fortes baisses de population de certaines espèces. Cela signifie que la plupart des spécimens sont piégés par erreur.
Malheureusement, bon nombre de ces espèces menacées ne bénéficient pas de programmes de conservation louables. En raison du temps qu’il leur faut pour mûrir sexuellement, il est nécessaire de protéger les spécimens adultes à tout prix. Ces poissons sont l’exemple clair du manque d’attention de la part des institutions gouvernementales envers les espèces les moins « remarquables ».
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