Couleuvre vipérine : habitat et caractéristiques


Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez
Le couleuvre vipérine habite presque tous les plans d’eau douce aquatiques qu’elle trouve sur son passage. C’est une excellente nageuse et aussi une bonne actrice, capable d’utiliser un mécanisme de mimétisme particulier pour éviter d’être attrapée. Et bien qu’elle semble dangereuse, elle ne produit aucun type de poison.
Le nom scientifique de cette espèce est Natrix maura, elle fait partie de la famille des colubridés (Colubridae) et est un proche parent de la couleuvre à collier. Poursuivez donc votre lecture pour en apprendre plus sur cette actrice aquatique.
L’habitat de la couleuvre vipérine
Cette espèce aux habitudes aquatiques est très commune dans toute son aire de répartition. Il est possible de la trouver en Espagne, au Portugal, en Suisse, en Afrique, en France et en Italie, ainsi que dans des îles comme la Sardaigne, Majorque et Minorque. En Afrique, elle a réussi à conquérir des zones désertiques avec quelques plans d’eau. Sa présence sur les îles est due à une introduction par l’homme.
Son environnement naturel est constitué de plans d’eau douce de toute nature : des rivières, des lagunes, des flaques d’eau, des zones humides et des eaux saumâtres. C’est la seule exigence dont l’espèce a besoin pour pouvoir survivre, car l’eau est son moyen de chasse, de refroidissement et de développement.

Caractéristiques physiques
C’est un reptile de taille moyenne avec une forme élancée. Il peut mesurer jusqu’à 870 millimètres de long. Sa tête a une forme presque triangulaire, assez semblable à celle d’une vipère. Cette caractéristique est essentielle pour générer un mimétisme batésien, un mécanisme de protection contre les prédateurs.
Les écailles de l’espèce sont carénées, ce qui signifie qu’elles ont un léger relief en forme de quille. Le motif de sa peau comprend une bande sombre qui recouvre tout son corps en zigzag. Il s’agit d’un signe distinctif de cette espèce, toutefois certaines variétés arborent des lignes longitudinales claires, constituant ainsi un autre morphotype différent connu sous le nom de bilinéaire.
La majeure partie de son corps est olive verdâtre – le ventre lui est gris clair -, avec des taches latérales blanc jaunâtre Grâce au fait que sa peau a une grande variété de formes, il est possible d’identifier les spécimens via des photographies : les motifs fonctionnent comme des « empreintes digitales ».
Dimorphisme sexuel
La couleuvre vipérine présente un dimorphisme sexuel marqué : les femelles sont plus grosses et plus lourdes que les mâles, car leur succès de reproduction est d’autant plus grand que leur taille augmente. Autrement dit, plus une femelle est grande, plus elle peut concevoir des petits.
En revanche, la queue des mâles est plus grosse que celle des femelles. Cela est dû à la présence du système reproducteur mâle (hémipènis), qui occupe plus d’espace dans la région de la queue. Il est ainsi facile de connaître le sexe du spécimen, puisqu’il suffit d’observer la région cloacale (queue).
Caractère et comportement
En général, ces reptiles sont des organismes ectothermes sociables qui sortent souvent de l’eau pour se coucher au soleil et se réchauffer. En raison de leur large distribution, ils peuvent se comporter différemment selon l’endroit où ils vivent. Dans les régions chaudes, ils sont très actifs, mais dans les régions froides, ils peuvent être en état de diapause pendant quelques mois.
Par ailleurs, ces reptiles adoptent un comportement anti-prédateur, qui consiste à imiter des vipères pour dissuader leurs ennemis. Pour ce faire, ils commencent à se recroqueviller sur eux-mêmes, à gonfler et à renifler pour donner l’impression qu’ils sont venimeux. Il ne s’agit que d’une mascarade, car ils n’ont aucun type de poison.
Le mode de chasse de la couleuvre vipérine
Les plans d’eau sont leurs zones préférées, car elles y trouvent la plupart de leur nourriture. Cela signifie que ces reptiles sont de grands nageurs. Ne pouvant pas bien réguler leur température, ils doivent développer des tactiques bien détaillées pour chasser dans l’eau.
Ils ont recours à deux types de stratégies, selon que l’eau dans laquelle ils se trouvent est chaude ou froide. Dans le premier cas, ils n’ont pas à craindre de perdre de la chaleur, ils poursuivent donc leur proie jusqu’à ce qu’ils puissent la capturer. Dans le deuxième cas, ils traquent leurs victimes et attendent le bon moment pour les attraper en évitant de bouger, afin d’économiser de l’énergie.
Une fois qu’ils parviennent à attraper leur nourriture, ils l’emmènent immédiatement sur la terre ferme pour qu’elle s’étouffe dans l’air. Les serpents ne perdent ainsi pas de temps et utilisent ainsi les conditions de l’environnement pour se nourrir.
Alimentation
Leur régime alimentaire est composé de deux types d’organismes, les poissons et les amphibiens, puisque ces animaux sont étroitement associés aux plans d’eau. Les jeunes serpents peuvent également consommer des invertébrés tels que des oligochètes, des sangsues et des gastéropodes.
Le serpent vipérin commence à avaler sa victime en commençant par sa tête. Et ce, généralement parce que c’est la partie la plus large du corps, et donc la plus difficile à avaler.
En 2013, une étude publiée dans la revue scientifique Acta Herpetológica mentionne l’existence d’un comportement nécrophage chez ce reptile. Ainsi, la possibilité de consommer des restes d’animaux morts s’ajoute à leur alimentation, il est donc probable que ce serpent soit plus un opportuniste qu’un chasseur naturel.
Reproduction
Les couleuvres vipérines sont des organismes ovipares qui se reproduisent annuellement au printemps. Le mâle se place au-dessus de la femelle, la frappant doucement avec sa tête, puis les deux spécimens entrelacent leurs queues. Ce processus peut durer de quelques minutes à quelques heures et se termine par la fécondation interne des œufs.
La ponte normale d’une femelle comprend entre 2 et 32 œufs, dont la période d’incubation est de 45 jours. À ce stade, la taille de la nouvelle mère est très importante, car le nombre d’œufs qu’elle peut pondre en dépend.
Une fois éclos, pendant les premiers jours de la vie, ces serpents cohabitent, formant des galeries qui les aideront plus tard à résister au froid.
Selon une étude de la revue scientifique Scientific Reports, le processus d’incubation joue un rôle important dans le comportement du serpent : selon qu’ils sont nés en groupe ou seuls, ils sont plus ou moins sociables. Ce processus peut même affecter leur croissance et limiter leurs capacités physiques.
Le statut de conservation de la couleuvre vipérine
L’Union internationale pour la conservation de la nature classe cette espèce parmi les moins préoccupantes. En effet, sa population est restée relativement constante malgré la destruction de leur habitat. De plus, dans le cas de sa présence sur les îles, il a été prouvé qu’elle est arrivé par introduction et qu’elle est en fait un envahisseur au sein de ces écosystèmes.
Cependant, les recensements récents ont noté une diminution du nombre de spécimens et même de leur répartition. Cette situation semble survenir en réponse à la contamination des plans d’eau, mettant en péril la ressource essentielle de cette espèce.
De même, la contamination par divers matériaux peut causer de graves problèmes de santé pour ces couleuvres.

L’un des grands problèmes auxquels cette espèce est confrontée est la pollution de l’eau, un fait que même l’homme n’a pas pu résoudre. Cela devrait servir de signal d’alarme : nous sommes à un point écologique critique et les décisions prises affecteront plus d’un être vivant. Le problème de l’eau est assez grave et cela nous rappelle qu’il n’y a pas que l’homme qui en dépend.
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